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Aulas – Genesio: Dans les méandres de l’hypercommunication

 

Ce soir, 23h30( oui j’annonce des prolongations), Jean-Michel Aulas rajoutera un épisode à la nouvelle Telenova( ou radioNova voire websérie) qui agite le milieu footballistique lyonnais depuis 3 ans et demi. Plus passionnant que Plus Belle La Vie, elle est l’illustration parfaite de la collusion entre le journalisme et certains clubs ou dirigeants de club. Elle montre aussi la fracture qui peut exister entre la perception de certains groupes de supporters lyonnais et la vision Wengerienne d’un business plan florissant par Jean-Michel Aulas. Les raisons du divorce médiatique soulevés par ces supporters sont multiples : le manque d’ambition sportive, une politique de trading à peine masquée, l’absence de trophée depuis 7 ans, l’absence de régularité, l’argumentaire redondant de la présence continue en Europe depuis 20 ans. Une chose est certaine, ces supporters ne remettent pas en cause les choix de Jean-Michel Aulas mais son hyper présence et son ingérence dans les affaires sportives. Et au fond, c’est pas Genesio qui est critiqué, c’est l’absence d’une direction sportive d’envergure et d’exigence niveau Champions League qui est attendue.

Qui a raison ? Qui a tort ? Difficile de trancher. Mais à trop parler, à vouloir brosser tout le monde dans le sens du poil puis tirer sur tout ce qui bouge, Jean-Michel Aulas s’est piégé tout seul dans sa communication.

AULAS : L’HYPER PRESIDENT 2.0

La Lente ascension et l’apogée

L’Olympique Lyonnais doit tout à Jean-Michel Aulas. Entrepreneur à succès, il a pris le temps de construire et d’installer l’Olympique Lyonnais sur la scène européenne . Construction pas à pas, patience, efficacité, le novice Jean-Michel a appris tranquillement à se faire une place sur la scène française. Et si tout est parti en sucette un soir du 4 Mai 2002, lors de ce duel épique face au RC Lens pour l’attribution du titre de Champion de France lors de la 38ème journée. Débute alors 7 ans de règne sans partage avec des chiffres impressionnants lorsqu’on regarde rétrospectivement(66 pts, 68, 79,79,84, 81,79). Surtout sur la période 2004-2008,
Été 2008, face à un effectif vieillissant et en bout de course, des rapports pénibles avec Alain Perrin au sortir d’un doublé, Jean-Michel Aulas confie les clés du bateau à Claude Puel. Il lui confie surtout la tâche de gagner tout en renouvelant l’effectif. La greffe ne prend pas et malgré des campagnes européennes satisfaisantes, Claude Puel est débarqué au profit d’un homme du sérail Remi Garde. Ce départ de Puel marque aussi le retour au 1er plan de Jean-Michel Aulas face à la résurgence du football marseillais, la résurrection des monégasques et la naissance du PSG made in QSI.

L’offensive sur les réseaux sociaux, multiplication des partenariats économiques, le succès au féminin

Le retour de Remi Garde coïncide avec le lancement des travaux du Parc OL, 1er stade 100%( comme d’habitude à prendre avec des pincettes) privé dans le monde sportif français. L’Olympique français se recentre donc autour de sa formation et se crée une golden génération autour des Ghezzal, Tolisso, Gonalons, Grenier, Lacazette, Fekir,Umtiti. L’Olympique lyonnais sur le modèle des clubs investissant sur les jeunes, prospecte et vise les meilleurs jeunes dans une optique de rentabilité future. Aussi investissent-ils sur Darder, Tete, Memphis, Cornet, Kalulu, Mamanna sur la période. Le titre de champions étant hors de portée, les intérêts de l’OL désormais dépendant des places boursières, Jean Michel Aulas décide de gagner la bataille médiatique. C’est la guerre des mots avec Vincent Labrune, puis Rybolovlev et enfin les incessantes piques sur le Qatar. La stratégie de communicant visant surtout à démontrer que le modèle de l’Olympique Lyonnais est le seul viable en France auprès des investisseurs. Rien n’est jamais laissé au hasard.
En parallèle, Jean-Michel investit sur le football féminin, fait de l’Olympique lyonnais le plus grand club de football féminin au monde et est en passe de réussir le quatre à la suite en Champions League et ce malgré la prise de conscience des foot anglais, espagnols de l’importance du sport au féminin. Vous avez dit visionnaire.

Son prochain rapprochement pourrait être un partenariat avec l’Asvel de Tony Parker. Un Naming ? Juste une entrée dans le capital ? Jean-Michel voit toujours plus loin, toujours plus haut.Mais pour son joujou préféré, l’Olympique Lyonnais masculin, se donne-t-il les moyens de ses ambitions ?

AULAS-GENESIO- BAD GONES : le triangle amoureux

L’histoire d’amour débute bien

L’histoire de Bruno Genesio débute une veille de Noël 2015. Cette doublure que rien ne prédestinait au poste de numéro un est censé assurer l’intérim en lieu et place du coach principal Hubert Fournier évincé pour mauvais résultat. Le lyonnais Génésio, l’enfant du pays sera donc le premier coach au Groupama Stadium marqué par un magistral 4-1 face à l’ESTAC Troyes. Le point d’orgue de ce sprint sera le 6-1 infligé aux ouailles de Jardim lors d’un face-à – face décisif en vue de la deuxième place définitivement qualificative pour la ligue des Champions. Cette remontada persuade le club de détenir le nouveau coach de demain, d’autant plus qu’il connaît la maison et qu’il a formé beaucoup de jeunes de l’effectif.

Débuts de la fronde populaire

Genesio débute son effectif avec un effectif XXL. C’est la dernière saison de Lacazette à l’Olympique Lyonnais. Il y a Memphis Depay blacklisté par Mourinho, Valbuena, Fekir, Tolisso, Gonalons. La surpuissance offensive lyonnaise n’a d’égal que la permissivité de sa défense. L’Olympique lyonnais réalise une saison de tous les recors avec une grille de lecture qui dépend du côté de la barrière derriere lequel on se situe. La fronde anti-Genesio considère que la place de 4ème de championnat avec un bilan de 21V, 4N, 13D pour le 2ème budget de Ligue 1 avec un effectif surarmé sur le papier est inadmissible. De même qu’être le petit cancre de la vague française en Champions League. Incapable de faire un résultat sur la double confrontation face aux rivaux sévillans, les lyonnais réalisent un beau parcours en Ligue Europa pour s’écrouler face à la Baby Class de l’Ajax en demi-finale. Ils retiendront les 48 buts encaissés en championnat et les défaites toutes compétitions confondues. Plus d’un match sur 3. Vous avez dit inconstants.
Le clan Genesio dont font partie les ¾ des analystes et chroniqueurs met plutôt en avant le record de buts marqués en ligue 1, la demi-finale de coupe d’Europe.

L’escalade

La saison 2017-18 est sensiblement similaire à l’édition précédente si ce n’est que l’olympique lyonnais débute mieux la saison et se présentant comme le seul concurrent potentiel au PSG. Malheureusement, la débâcle à Caen en coupe de france puis l’élimination en huitièmes de C3 donnent peu de relief à une saison finalement marquée par la victoire sur le PSG en championnat. La saison en soit est honorable avec 78 pts (23V, 9N, 6D) , 87 bp, 43c. Un parcours de champions mais exposé à la concurrence parisienne monégasque, jalousant l’aventure européenne de Marseille ainsi que la perspective d’un Champions Project qui marche, les supporters espèrent que leurs dirigeants auront une ambition plus débordante affichée et de la continuité sur toute une saison. Après tout, si Monaco l’a fait, d’instiller le doute dans l’esprit parisien avec des moyens similaires et un contexte moins propice à la motivation personnelle des joueurs, la ferveur lyonnaise devrait donner des ailes à ces joueurs et permettre à l’OL d’avoir un statut autre que meilleure seconde équipe potentielle de Ligue 1 conforama.

Rebelote pour cette saison, les traders du LOSC passent devant l’Olympique Lyonnais provoquant des esclandres avec les supporters. Les professionnels des médias présentent les exploits en Champions League et la victoire face au PSG dans le bilan de Bruno Genesio en balance. Ce dernier, au lendemain des rumeurs d’arrivée de Jardim à son poste, rappelle qu’il est vainqueur de leurs confrontations directes depuis 3 ans. Cette sortie résume à elle seule la fracture qui existe dans la lecture des résultats de l’Olympique Lyonnais. Les victoires sont dues au génie de Bruno Génésio dans les médias, les défaites sont le résultat de joueurs peu volontaires, déjà pressés de partir au loin. Ces derniers n’appartiennent pas souvent au sérail. C’est de l’objectivité partisane pour faire court.

Que des supporters se complaignent des performances, de l’inconstance de leur équipe, c’est leur droit. Mais que des médias invectivent des supporters dans leur résumé après chaque bonne performance de l’OL(ce qui arrive 1 match sur 5), titrent “signé Genesio” mais sont incapables de la moindre critique lors d’une double confrontation soporifique face au Barça, c’est désobligeant. Ces mêmes journalistes sont les 1ers à tomber à bras raccourcis sur les projets monégasque, lillois ou parisien dès qu’il y a un pseudo événement.
Vous avez dit étrange traitement. L’épisode en boîte de nuit relayé sans preuve dans les pages du quotidien sportif pour voir la version de Genesio finalement démentie a fini de faire plonger les supporters dans la suspicion de collusion. Tout comme l’éviction des salles de presse d’un journaliste qui rentrait pas dans le rang.

Comment sortir de l’impasse ?

L’épisode de Telenova prenant fin ce soir, il serait temps pour Aulas d’affirmer son ambition réelle au lieu de ne parler que de rentabilité économique du projet du Grand stade. Comme l’a démontré la Juventus, il peut mener de front les batailles commerciales et la compétitivité sportive. Plus que la critique de Bruno Genesio, c’est une gronde contre l’ambiguïté du projet sportif lyonnais par Jean-Michel Aulas. S’il veut concurrencer le PSG au-delà de la guerre des mots, il faudrait que son effectif y ressemble, que l’exigence des résultats y soit de tous les instants comme dans un grand club européen. C’est bien de se chamailler avec des chroniqueurs sur Twitter, de demander leurs têtes à leurs supérieurs. C’est encore mieux de construire une équipe et un staff qui pourront à l’image d’un Dortmund, Naples, Séville ou d’un Braga ne serait-ce qu’une saison sur 2 ou sur une demi-saison bousculer et faire douter le Paris Saint-Germain. Si Monaco l’a fait avec Louis II autour de 10000 supporters, sans engouement populaire, en jouant en parallèle la Champions League , la métropole lyonnaise est bien capable d’en faire plus pour donner des ailes aux joueurs lyonnais.
Jean-Michel Aulas se sent-il capable de relever ce défi ? Et si c’était ça la véritable question ?

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