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Gilardi: icône et inspiration du journalisme 2.0

Hommage de Ribéry à Thierry Gilardi

11 ans quasiment jour pour jour que Thierry Gilardi nous a quittés. Rarement dans la profession, un journaliste commentateur aura fait unanimité et fait rêver tout autant que les 2 Thierry Rolland et Gilardi. Thierry Gilardi était une icone, une raison de passer son après-midi devant la Série A dans les années 90. Sa voix, sa gentillesse à l’antenne, la bienveillance dans l’analyse nous rappelle que c’est la passion qui devrait nous animer et non pas l’envie du buzz ou l’appât du gain.
Étrange époque donc les années 90. On se souvient tout autant des commentateurs que des matchs exceptionnels. C’est dire l’importance et le rôle éducatif des médias dans la mémoire collective. Nous, les enfants de Gilardi, qu’avons-nous fait de cet héritage et cet enseignement 11 ans plus tard ? Pourquoi cet amour du bad buzz, de l’image qui dérange, de la suspicion du mécontentement ? Pourquoi générons-nous tant des inimitiés entre les joueurs à coup de communication ?
Pour mon premier article de 2011, je me voyais parler d’identité de jeu, d’identification nationale, de racisme ou encore de football africain. Mais avec l’explosion des polémiques à travers les réseaux sociaux, le Genesio bashing sur lequel on reviendra, l’idée de rendre hommage à l’un des pères des nombreuses vocations journalistiques est née. Thierry Gilardi n’est certainement pas le grand journaliste sportif que la terre ait connu. Thierry Gilardi est à Pascal Praud ce que Frédéric Lopez est à Eric Zemmour (ou à Pascal Praud encore décidément). Thierry Gilardi c’est Thierry Roland dans un style un peu moins transgressif et populaire. C’est George Eddy, Gérard Holtz, Nelson Monfort ou encore Patrick Montel. Un journalisme pas propagandiste, pas partisan, qui présente le monde tel qu’il est avec ses failles et ses doutes tout en s’assumant.

THIERRY GILARDI : LE NUMERO 11 MODELE

Thierry Gilardi était au paysage footballistique ce que le numéro 11 est initialement au football. Discret, travailleur, aimé des coéquipiers. Il n’était pas le numéro 10 lors de son exercice. Il laissait ce privilège à Thierry Roland dont les seuls mots donnaient du sens à des actions qui n’en avaient pas forcément. Comme un numéro 11, il n’était pas au centre du jeu. Il accompagnait les actions, il lui arrivait de les finir de manière magistrale comme cette échappée de Franck Ribéry en 2006 lors de France-Espagne où on peut se demander s’il ne lui donne pas des ailes tant il nous donne l’impression de vivre l’action en réalité virtuelle. C’est l’équipier modèle qui tance son leader lorsqu’il fait faux bond à son équipe lors de la finale de la coupe du monde 2006. Son “pas toi, pas aujourd’hui, pas après tout ça” résume le bonhomme et a sûrement participé à calmer toute la population après cette bourde de Zidane qui donne sûrement la Coupe du Monde et le Ballon d’Or à Cannavaro.

LES ENFANTS DE GILARDI: Blogs, sites internet, la course aux clics et aux vues

Alors que les hommages de ses contemporains affluent, pour ne pas citer les Pascal Praud, Pierre Ménès, Daniel Riolo, il serait bon ton de rappeler que le journalisme n’a pas valeur à faire que de l’audience. L’audimat c’est le spectacle présenté qui valorisera le championnat. Reste donc aux médias à savoir présenter et vendre un produit. Le Football peut être une poule aux œufs d’Or mais aussi un cimetière pour beaucoup. La multiplication des médias, les réseaux sociaux, les chaînes en continu nous poussent inexorablement à chercher des moyens de nous démarquer et l’hyper connectivité de notre époque laisse encore peu de place à l’erreur, à l’absence de rentabilité. Y a-t-il encore de la place pour un Omar Da Fonseca, un Didier Roustan, un Nicolas Vilas pour apporter une touche d’humanité ou de nuance dans ce monde de brutes.
Qu’aurait dit Thierry Gilardi au soir de Knysna ? Aurait-il appelé les joueurs ou envoyés un texto ? Imagine-t-on qu’il aurait traité les joueurs français de racailles de banlieue après une défaite lors du match aller d’un barrage de Coupe du Monde ?
Reste-t-il que dans ce monde de brutes, la lumière brille toujours plus lorsqu’on a des esprits bienveillants et positifs pour nous parler de la réalité telle qu’elle est. Vous en avez marre d’entendre Leboeuf, Sagnol, Ménès, Praud jacasser et défigurer tout ce qu’il leur passe sous la main. Écoutez Omar Da Fonseca, Alexandre Ruiz, Eric Di Meco, Emmanuel Petit, Smaïn Bouabdellah. Thierry Gilardi c’était le Frédéric Lopez du Football. Il a transformé l’héritage difficile de Thierry Roland et l’a transmis à toute cette génération de Youtubeurs, d’auteurs anonymes de blog, d’intermittents du football que nous sommes. Les analystes de demain , c’est pas Mohamed Henni qui a tout de même du talent pour inventer des insultes et casser plein de choses, c’est le Club des 5 par exemple ou Top11(qui sait).

La memoire de Gilardi: la passion du football

On ne peut pas aimer tout le monde mais on n’est pas obligé de détester qui que ce soit. La bienveillance n’est pas sœur de la naïveté ou de la complaisance. A courir après le buzz, on se transforme en télé-réalité et on s’éloigne des terrains. Il n’ y a trop d’argent dans le foot mais sûrement autour du football. C’est pas scandaleux de donner 30 millions à Neymar pour être suivi par 25 millions d’individus via des réseaux sociaux. Le scandale c’est de donner des centaines de milliers d’euros à des anciens footballeurs en tant que chroniqueurs pour qu’il fasse la propagande du football anglais et de ses milliards, ses bières, ses WAGs. Le scandale, c’est de donner au quotidien de quoi vivre à des spécialistes du Bad Buzz, de la petite phrase polémique, des analystes comportementaux sans diplôme ou des Madame Irma.
Au final, le but c’est pas de rendre les médias uniformes, policés, contrôlés ou bienveillants. C’est contre leur nature propre et c’est la diversité d’opinion qui fait la richesse du paysage médiatique. Le débat suppose des visions, des analyses pas forcément convergentes. Mais la controverse, la diffamation, les invectives c’est le Sun, Closer, Valeurs Actuelles. Elle n’a rien à faire en une d’un média sportif. Nous qui avons désormais la parole à travers les réseaux sociaux, souvenons nous que cette liberté nous impose désormais une responsabilité.
RIP THIERRY, tu auras rendu ce métier et ce monde meilleurs.

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